• Extrait de Knock, Jules Romain de ELYSSA

    KNOCK: Je vous plains. Il ne doit guère vous rester de temps pour vous soigner?

    LA DAME: Oh, non.

    KNOCK: Et pourtant vous souffrez.

    LA DAME: Ce n'est pas le mot. J'ai plutôt de la fatigue.           

    KNOCK:Oui, vous appelez ça de la fatigue.(Il s'approche d'elle) Tirez la langue. Vous ne devez pas avoir beaucoup d'appétit.

    LA DAME: Non .

    KNOCK:(il l' ausculte) Baissez la tête .Respirez. Toussez.Vous n'êtes jamais tombée d'une échelle, étant petite.

    LA DAME: Je ne me souviens pas .

    KNOCK:(lui palpe et lui percute le dos, lui presse brusquement les reins).Vous n'avez jamais mal ici le soir en vous couchant ?Une espèce de courbature?

    LA DAME: Oui des fois.

    KNOCK: (il continus de l'ausculter) Essayez de vous rappeler. Ca devait être une grande échelle.

    LA DAME: Ca se peut bien.

    KNOCK: (trés affirmatif) C'était une échelle d'environ 3 mètres cinquante ,posée contre un mur. Vous êtes tombées à la renverse.

    LA DAME: Ah oui!

    Un silence               

    KNOCK: (la fait s'asseoir)Vous vous rendez compte de votre état?

    LA DAME: Non

    KNOCK:( Il s'assied en face d'elle) Tant mieux. Vous avez envie de guérir, ou vous n' avez pas envie?

    LA DAME :J'ai envie.

    KNOCK: J'aime mieux vous prévenir tout de suite que se sear très long et très coûteu.

    LA DAME:Oh! Là! Là! J'ai bien eu du malheur de tomber de cette échelle!

    KNOCK: Je me demande même s'il ne vaut pas mieux laisser les choses comme elles  sont.L'argent est si dur à gagner .Tandis que les années de vieillesse? on en a toujours bien assez. Pour le plaisir qu'elles nous donnent!

    LA DAME: Et en faisant ça plus ... grossièrement ,vous ne pourriez pas me guérir à moins cher? ...à condition que se soit bien fait tout de même.

    KNOCK: Ce que je puis vous proposer, c'est de vous mettre en observation.

    LA DAME: Oui, c'est ça.

    KNOCK:(tandis qu'il rédige l'ordonnance, assis à sa table.) Vous vous coucherez en arrivant. Aucune alimentation solide pendant une semaine. Un verre d'eau de Vichy toute les deux heures et , à la rigueur, une poitier de biscuit, matin et soir, trempée dans un doigt de lait. Mais j'aimerais autant que vous vous passiez de biscuit. A la fin de la semaine, nous verons comment vous vous sentez .Si vous êtes gaillarde, si vos forces et votre gaieté sont revenues, c'est que le mal est moins sérieux qu'on ne pouvait croire, et je seraais le premier à vous rassurer. Si, au contraire, vous éprouvez une faiblesse générale, nous commencerons le traitement.C'est convenu?

    LA DAME: (en soupirant) Comme vous voudrez.

    KNOCK:( désignant l'ordonnance.) Je rappelle mes prescriptions sur ce bout de papier. Et j'irai vous voir bientôt.(Il lui remet l'ordonnance et la reconduit .A la cantonnade.) Mariette, aidez madame à descendre les escaliers et à lui trouver une voiture.